Bilp 2007
Marcher sur un fil… de lin
Comment la matière naturelle peut-elle être au service de l’art actuel? C’est ainsi qu’on lançait le débat lors de la table ronde qui a eu lieu au Musée national des beaux-arts de Québec à l’occasion de la deuxième Biennale internationale du lin de Portneuf. Des réponses à cette question naissent de l’acte créateur même; les voies qu’explorent les artistes invités par les commissaires de la Biennale sont autant de pistes de réflexion.
Ainsi, celui-ci a cherché ce que la matière avait à lui offrir en refusant de lui demander d’être autre chose que ce qu’elle est. Il s’est imprégné de l’esprit du lieu et est allé marcher sur le cap surplombant le Saint-Laurent. Puis, il a entrepris d’installer des milliers de tiges dans le Vieux Presbytère en leur imprimant le mouvement que lui inspirait l’environnement : la matérialisation d’un souffle liant les deux âtres anciens.
Celle-ci a voulu faire dire à l’argile l’émotion ressentie lorsq u’elle trouva l’héritage laissé par les femmes de la famille depuis le début du XIXe siècle. Bien empilés dans une vieille armoire, des draps de lin brodés aux initiales de Gisèle, de Claire et de Marguerite. Au sous-sol du moulin , devant le mur de maçonnerie, elle a suspendu de longs cylindres de grès dont les stries verticales et horizontales évoquent la chaîne et la trame du tissage. Au pied, elle a déposé des draps, eux aussi de céramique.
Une autre a choisi de fines tiges de lin arborant leurs capsules remplies de graines et les a immortalisées dans l’argile immaculée. Elle a aménagé un jardin de fleurs séchées à la galerie de l’église. Avec les délicats « bijoux de porcelaine », elle a tracé un sentier reliant l’ange « peseu r d’âmes » à la photographie de l’artiste qui l’avait sculpté 115 ans plus tôt.
Celui-là désirait évoquer les liens qui unissent l’humain au divin. Il a conçu deux formes coniques, l’une tricotée de lin écru, l’autre de nylon translucide. Il les a reliées par un mince fil, puis les a suspendues entre les deux moulins anciens, au cœur d’une structure composée de branches récoltées dans les sentiers avoisinants. Puis, sous l’impulsion du vent, l’œuvre s’est mise à respirer …
Les œuvres de 23 artistes et artisans ont été exposées au cours de l’été 2007. L’exploration de la matière linière, de son histoire et de la riche symbolique qui s’y rattache, trouve écho au près de créateurs qui nous procurent découvertes, surprises et émerveillements.
Depuis ses débuts, la Biennale du lin impose des défis qui sont à la fois heureux et sérieux. En matière de choix artistiques, de gestion d’événement et de concertation régionale, nous avançons tels des funambules. Fragilité et émotion vive, mais aussi conscience et détermination nous stimulent à poursuivre nos rêves et nos objectifs.