La thématique du sacré renvoie bien entendu à l’utilisation cérémonielle qu’on a fait du lin au cours de plusieurs épisodes de l’histoire humaine, depuis l’Égypte pharaonique et l’époque de l’Ancien testament des Hébreux jusqu’à nos sociétés modernes. Elle fait également référence à ce temps particulier lié à la pratique même d’un métier d’art, un temps béni où l’artiste touche au « sacré » dans l’effort et l’extase que lui oppose et lui offre la matière.
Plusieurs créateurs du collectif privilégiaient déjà le lin dans leur travail pour la qualité de sa fibre textile, que la matière soit brute ou conditionnée. D’autres étaient davantage sensibles aux évocations historiques ou lyriques associées au lin. D’une manière ou d’une autre, l’interprétation de la sacralité du lin a donné naissance, chez tous les artistes du collectif, à des projets originaux, tant au plan formel que conceptuel.
L’exposition mettait en valeur le travail d’artistes de la matière, du Québec, du Canada, du Pays de Galles et de la France, dont l’œuvre s’exprime essentiellement à travers la pratique d’un métier d’art. Le site du fief de La Chevrotière et deux des étages du grand moulin s’y trouvant ont accueilli treize œuvres, dont trois propositions installatives, dans les disciplines des arts textiles, du verre, de la céramique et de la reliure.
Lin Sacré a mis en lumière le travail de créateurs inspirés. La matière et le symbolisme du lin leur aura suggéré des œuvres de réflexion et de méditation, des objets et des espaces transcendants, dans la perspective de déborder l’expression sensible d’une petite fleur bleue : le lin.
Sylvie Royer, commissaire