CONFECTIONS
Commissaire Curator : Pascale Beaudet
Le Petit Robert donne deux grandes définitions du mot confection : une préparation (d’un plat, d’un mélange), qui découle du sens vieilli « l’action de faire un ouvrage jusqu’à complet achèvement » ; la deuxième signification : l’industrie du prêt-à-porter.
Bien qu’ayant une connotation vieillie, l’idée d’un travail mené à terme m’a semblé extrêmement pertinente pour qualifier la démarche de bon nombre d’artistes, qui passent de longues heures sur une œuvre afin d’arriver à une solution à la fois originale et pleine de sens.
De plus, ces deux sens ont des résonances concrètes et l’un d’eux a des rapports directs avec le vêtement. Pour moi, le lin évoque en tout premier lieu ce tissu luxueux et sensuel, ce qui s’est traduit dans mes choix par une orientation vers des artistes qui travaillent le tissu. Plusieurs ont une pratique en lien avec le vêtement « de confection » ; d’autres sont plus axés sur la manipulation du tissu comme matériau. Ainsi, on pourra trouver dans l’exposition à la fois des vêtements récupérés, d’autres créés par les artistes sans avoir nécessairement pour but d’être portés et des objets « confectionnés » avec du tissu. Toutes les œuvres produisent une réflexion sur le vêtement et les corps qui les portent.
Certains artistes ont une façon de travailler plus spectaculaire, d’autres ont une approche plus intimiste. La forme humaine, qu’elle soit traitée de manière figurative ou plus allusive, est souvent présente, mais c’est le lin – le tissu, la plante – qui reste le thème vedette de l’exposition.
The Petit Robert French dictionary gives two main definitions for the word confection (“making”): firstly, preparation (of a dish, a mixture), derived from the archaic sense “working on something until it is completely done”; and, secondly, the ready-to-wear industry.
Though the connotation may be archaic, the idea of work carried through to completion seemed to me extremely relevant for characterizing the approach of a good many artists, who spend long hours on a work in order to arrive at a solution that is at once original and meaningful.
In addition, both senses of the word resonate in concrete ways, and one of them is directly related to clothing. To me, the word lin (“flax”, “linen”) calls to mind, first of all, a luxurious and sensuous fabric, and, as a result, my choices reflect a penchant for artists who work with fabric. A number of them, in their practice, use “ready-made” clothing; others focus more on manipulating fabric as a material. As a result, the exhibition contains recycled clothing items, articles created by artists without necessarily intending them to be worn, and objects “made” with fabric. All the works stimulate reflection on garments and the bodies that wear them.
Some artists have a more spectacular way of working, others take a more intimate approach. The human form, whether treated figuratively or more by allusion, is often present, but it is linen and flax—the fabric and the plant—that remain the central theme of the exhibition.
CONFECTIONS
Amélie Brisson-Darveau (Québec)
Une garde-robe pour mon ombre (2009)
Essayer un vêtement avec son ombre, voilà le défi que pose cette jeune artiste aux visiteurs. L’ombre de ceux-ci est invitée à se glisser dans des habits faits de lin, déposés au sol.
Carolyn Wren (Ontario)
Dwell (2008-2009)
L’artiste s’inspire de la réalité historique du damas de lin, fabriqué à partir du XVIIe siècle, qui est progressivement devenu un symbole de richesse et de raffinement dans les maisons européennes et nord-américaines.
Cozic (Québec)
Linceul (2008-2009)
Les Cozic se sont souvent inspirés du lieu où ils se trouvent pour créer leurs œuvres et l’église Saint-Joseph n’échappe pas à cette règle.
Eirún Sigurdardóttir (Islande)
The Gold (2008-2009)
Durant une performance qu’elle a exécutée le jour du vernissage, Eirún, revêtue d’une carapace faite de laine et de lin, crochète des tresses de savoir qui émergent du casque laineux qui recouvre sa tête.
Emily Hermant (Québec)
Transmission (2009)
Matérialisant l’invisible, tout en rendant seulement l’intensité de l’adresse, l’œuvre révèle sans la dévoiler la conversation des âmes avec leur guide spirituel.
Kaarina Kaikkonen (Finlande)
Syvyydestä [Depuis les abîmes] (2009)
L’installation extérieure de Kaarina Kaikkonen se fonde sur le veston comme métaphore du corps et de la solidarité du groupe.
Lise Nantel (Québec)
Les objets fabriqués par Lise Nantel prennent possession de la galerie nord tels des ex-voto inhabituels : envahissant l’espace, fixés sur des tiges ou installés sur les bancs ou sous eux, ils revendiquent une place à part.
Naomi London (Québec)
Big Circle, Little Circle (2008-2009)
Ici, des bancs sont munis de roulettes et le visiteur est invité à expérimenter concrètement cette œuvre hybride – objet mobilier ou œuvre d’art.
Pierre Bellemare (Québec)
Parure et habit (2008-2009)
Un kimono un peu plus grand que nature, fait d’un tissu d’ameublement, est déposé sur un support rigide.
Stephen Schofield (Québec)
La Chute (2009)
Le vêtement, qu’on qualifie parfois de seconde peau, endosse ici littéralement ce rôle. Il constitue la surface des personnages, à même des tissus neufs, sophistiqués, ou récupérés.