Lieux de mémoire
Commissaire : Denis Longchamps
Pour l’historien Pierre Nora, il ne faut pas confondre histoire et mémoire. L’histoire nous raconte un moment passé qui n’existe plus. La mémoire, quant à elle, est vivante et ancrée dans le moment présent. Elle est en constante évolution, oubliant parfois, s’élargissant au fil du temps. Le lieu de mémoire existe dans la volonté qu’ont les gens de se souvenir.
Le Moulin de La Chevrotière est en soi un lieu de mémoire. Vestige matériel d’un passé révolu, il a été sauvegardé sur les berges de la rivière qui lui a donné son nom et a vu sa vocation se modifier au cours des décennies. L’exposition qui y est présentée regroupe douze œuvres qui sont aussi des lieux de mémoire, lorsque l’utilisation d’une technique traditionnelle assure la transmission de savoir-faire, ou lorsqu’une matière millénaire, le lin, évoque l’étoffe que l’on tisse toujours et les souvenirs intimes que chacun y associe.
Ainsi, chacune des œuvres de l’exposition porte en elle la mémoire d’un lieu, d’un geste, d’une personne ou d’un événement. Des lieux de mémoire à découvrir…
Curator : Denis Longchamps
For the historian Pierre Nora, history and memory are not to be confused. History speaks to us of a past moment that no longer exists. Memory, for its part, is alive and anchored in the present. It changes continually, forgetting occasionally, and broadening over time. A place of memory exists in people’s will to remember.
The La Chevrotière mill is such a place of memory. A material vestige of a bygone era, it has been preserved on the banks of the river that gave it its name, and has seen a variety of uses over the decades. The exhibition presented in the mill brings together 12 works that are also places of memory, as when the use of a traditional technique ensures the transmission of know-how or when an age-old material—flax—evokes the fabric we still weave today and the intimate memories we each associate with it.
In these ways, each work in the exhibition carries within itself the memory of a place, an act, a person or an event. Places of memory to discover…
Alain Taral (France)
Le relieur Alain Taral, inspiré par l’histoire « La peine des hommes » , a créé une reliure de bois marqueté dont les motifs évoquent la culture et la transformation du lin.
Dawn Macnutt (Nouvelle-Écosse)
Les artéfacts trouvés dans le bâtiment qui abrite aujourd’hui son atelier et le fil de lin deviennent les symboles des liens qui unissent l’artiste à ses ancêtres.
J. Penney Burton (Québec)
Inspirée par le rêve des alchimistes de transformer la matière en or, J. Penney Burton a créé une installation composée de petits vaisseaux de papier de lin qui deviennent autant de creusets.
Liz Williamson (Australie)
Liz Williamson explore visuellement et conceptuellement des thématiques qui trouvent leur source dans l’interrelation entre le corps et le vêtement.
Mackenzie Frère (Alberta)
Les œuvres de Mackenzie Frère prennent racine dans les traditions inhérentes à la fabrication de tissu. De ce fait, il utilise principalement des fibres et des teintures naturelles.
Michèle Lapointe (Québec)
Le verre, omniprésent dans le travail de Michèle Lapointe, peut provoquer des effets optiques assimilables à ceux de la mémoire au sens où il peut déformer ou transformer la perception de la réalité.
Mireille Racine (Québec)
L’artiste raconte qu’un soir, sur un bateau, eut lieu une grande fête du lin. Les tissus se transformaient à toute allure en vêtements excentriques, laissant des retailles se répandre à tout vent, jusque sur les berges du fleuve.
Monique Giard (Québec)
Pour Monique Giard, le chiffre sept revêt un sens cosmogonique. Sept maisons, comme autant de mondes, comme autant de corps, évoquent des étapes dans le cycle de la vie.
Rosie Godbout (Québec)
En méditant sur le thème de l’exposition, Rosie Godbout s’est amusée à jongler avec les références picturales, les symboles primitifs et même avec certains outils qui l’ont accompagnée tout au long de sa carrière.
Sarah Alford (Alberta)
Sarah Alford a développé un intérêt particulier pour la colle chaude qu’elle utilise pour créer un textile qui s’apparente à la dentelle.
Veronika Horlik (Québec)
Pour Veronika Horlik, la recherche de l’essence de la vie se nourrit de souvenirs. Elle propose un champ de lin qui, au premier plan, est piégé dans un hiver éternel.
Vita Plume (Nouveau Brunswick)
Toutes les familles ont leur histoire. Parmi elles, peu sont consignées dans les livres. Celle de la famille de Vita Plume est faite de guerres, de pertes et de déracinements.