Pour la Biennale internationale du lin de Portneuf 2007, dix artistes ont été invités à provoquer des échos entre le lin, son histoire, sa culture et des récits qui sont véhicules d’identités, porteurs de traditions et miroirs d’une société en mutation.
Le contexte s’avérait d’une grande richesse car il offrait aux artistes un défi esthétique des plus actuels, soit celui de concilier divers paliers de sens liés au patrimoine architectural, au culte, aux traditions, à la nature et au paysage. Les pratiques actuelles s’incarnent d’ailleurs de plus en plus dans le social en amalgamant divers registres de réel. L’art se fait depuis un bon moment « circonstances », mise en situations et relations directes avec la vie. Le propre de l’art contemporain réside dans ces sédimentations de sens et dans les fictions qui en découlent.
Pour cet événement présenté dans les lieux patrimoniaux de Deschambault, le lin s’est fait véhicule d’histoire(s). Les dix artistes invités ont emprunté chacun une avenue originale, une narration particulière, un récit faisant écho soit à la nature même du lin, à ses diverses composantes et à leurs qualités plastiques; soit à ses usages anciens et aux réminiscences qui y sont attachées; soit aux gestes éternels qui sont associés à sa culture et qui renvoient à une dimension rituelle; soit, enfin, à son utilisation comme matière première dans la fabrication de produits industriels.
Autant de démarches artistiques autant de récits et de chroniques qui marient lieux, mémoire et nature avec au centre ce lin millénaire. Un événement à l’image de notre temps, où la quête de sens va de pair avec la nécessité de raviver et de préserver les traditions, tout en demeurant sensible à l’Autre et à la fragilité de notre terre.
Chantal Boulanger, commissaire